Démarche
Je suis préoccupée par l’obsolescence programmée, le consumérisme, l’utilitarisme et par notre rapport aux «déchets» : zeitgeist de notre époque, s’il en est un. Je m’intéresse à la propriété des
objets qui reprennent leurs «libertés» lorsqu’ils regagnent la rue, tout autant qu’à ce qui les constitue physiquement afin de tenter d’anoblir ce qui est délaissé, jeté, abîmé, ou considéré
inutile.
Mes pièces naissent de l’envie de donner un second souffle à des matières nobles (bois et métaux, principalement) et du désir de faire oublier le sens et l’utilité des objets ou des fragments de
ceux-ci. Par détournement et assemblage, j’aspire à faire naître une histoire inattendue. Par ailleurs, à l’instar d’un travail de restauration, je cherche à effectuer le moins de transformation
possible sur l’objet et son état, tel qu’il se présente, que je conserve en tout ou en partie afin que les traces de son parcours demeurent visibles.
Je suis séduite par le charme suranné émanant tantôt d’une forme : par le ludique ou au contraire, le chaotique, inspiré spontanément, parfois fascinée par l’esthétique, l’élégance ou encore par la
pureté d’une ligne, parfois par la luminosité du matériau brut. Je ne tend pas au figuratif cependant j’accepte qu’il se manifeste s’il y a lieu, mais avant tout, c’est le potentiel d’évocation
poétique qui m’intéresse et dont je souhaite l’énonciation.
Pour les sculptures lumineuses, plus précisément, en se rapprochant du «totem» dans leur symbolique. Selon l’esprit des «ancêtres», par égard à ce qu’ils ont signifié, les objets eux-mêmes sont
investis et assemblés sans aucune soudure, posés les uns contre les autres telles des strates de terrain, glanés à même le territoire, «trouvés» et réhabilités afin de s’élever
effrontément.
Enfin, cette permanente impermanence qui permettrait de déconstruire dans sa totalité chaque sculpture se conçoit idéologiquement ancrée dans un cycle immuable et infini de ce qui se renouvelle et se régénère.